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Article: OCEAN LOVER #2 : Arthur Guérin-Boëri

OCEAN LOVER #2 : Arthur Guérin-Boëri
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OCEAN LOVER #2 : Arthur Guérin-Boëri

Arthur Guérin-Boëri, un apnéiste talentueux et passionné
Né en 1984 à Nice, ce Parisien débute l’apnée en club en 2011, commence la compétition en 2012 et devient champion du monde en 2013. À 34 ans, Arthur Guérin-Boëri est aujourd’hui le Français le plus titré de l’Histoire dans ce sport, avec 5 titres de champion du monde et 4 records du monde à son actif, dont le dernier s’est déroulé sous la glace en Finlande.

Un talent et une passion dont l’apnéiste voudrait désormais se servir pour sensibiliser les gens à la protection des mers et océans. Explications.

Dans quel contexte as-tu commencé à pratiquer l’apnée ?

Ayant passé la plupart de mes étés en Corse et à Nice, j’ai commencé l’apnée tout petit en mettant la tête sous l’eau pour regarder les poissons. À l’âge de 14 ans, je tenais déjà deux ou trois minutes sans entraînement. N’habitant pas au bord de la mer, l’idée ne m’est pas venue tout de suite de voir s’il existait des clubs d’apnée. C’est seulement après mes études d’ingénieur du son que j’ai commencé à faire des recherches, et ai constaté qu’il existait en fait des clubs un peu partout, l’apnée étant devenue un sport hyper tendance, au même titre que le yoga ou le tai-chi. Du coup, j’ai commencé par faire un essai et cela m’a tellement plu que je me suis inscrit en 2011 au club Apnée Passion à Montreuil, qui se trouve être le plus grand club d’apnée de France. J’y ai fait une année découverte, et en 2012, on m’a proposé de faire de la compétition.

Arthur Guérin
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Que ressens-tu lorsque tu es en apnée ?

Disons qu’il y a deux aspects. Pratiqué de manière récréative, c’est un sport qui apporte énormément de plaisir. C’est d’ailleurs pour cela que l’apnée est considéré comme un sport bien-être. Le silence, l’apesanteur, le contact avec l’élément, la glisse… Quand on pratique régulièrement, cela impacte le phychisme de manière très positive Il y a un aspect très planant à partir du moment où l’on met la tête sous l’eau. Cela peut durer plus ou moins longtemps selon les apnéistes, selon l’exercice qu’on est en train de faire… J’appelle ça la zone de confort. On est sur une autre planète, tout va bien, la vie est belle.

Il existe ensuite une deuxième phase qui commence à partir du moment où l’on a envie de respirer. Généralement, ceux qui pratiquent ont tendance à trouver un réel intérêt dans le fait de se dépasser mentalement pour réussir à gérer cette envie de respirer et explorer ce qu’il y a derrière. Une phase qui permet notamment de travailler sur le dépassement de soi, la confiance en soi, la prise du recul par rapport aux défis du quotidien…

Faut-il avoir des prédispositions naturelles pour pratiquer l’apnée, comme ce fut ton cas adolescent ?

Pas du tout ! Tout le monde peut faire de l’apnée et y prendre du plaisir : vieux, jeunes, hommes, femmes, fumeurs, non fumeurs, sportifs, pas sportifs,… Évidemment, je ne parle pas ici des dix meilleurs mondiaux. C’est comme au foot, tout le monde peut y jouer mais pour arriver en Ligue 1, il faut tout de même quelques prédispositions génétiques en plus d’un bon entraînement. L’apnée, c’est pareil. tout le monde peut pratiquer même à un très bon niveau… Néanmoins, il y a des gens qui sont aidés par une certaine génétique et qui arrivent du coup à faire des performances extraordinaires. C’est peut-être mon cas. En tout cas, il ne faut pas se focaliser là-dessus.

Il existe différentes catégories en apnée. Qu’elle est celle que tu préfères : L’apnée statique ? L’apnée dynamique ? L’apnée en profondeur ?

J’apprécie toutes les disciplines mais ce que je préfère au niveau des sensations, c’est descendre en profondeur avec une monopalme. C’est ce qu’il y a de plus grisant et de plus agréable, même si ce n’est pas la catégorie où j’excelle. Mes plus grosses performances mondiales, je les ai faites en distance à l’horizontale avec ma monopalme, comme en Finlande sous la glace (175 mètres) ou en piscine où j’ai également battu un record du monde (300 mètres).

En fait, à mon sens, la différence fondamentale entre l’apnée dynamique horizontale en bassin et l’apnée profonde en mer, c’est vraiment pour l’une, la difficulté mentale liée au dépassement de l’envie de respirer et pour l’autre, la difficulté mentale liée à la prise de risques de là où l’on va. Finalement, même si peu d’apnéistes le disent, tout le monde sait que les vrais guerriers au niveau de l’envie de respirer, ce sont les apnéistes en piscine et les vrais guerriers au niveau de la prise de risque, les apnéistes en profondeurs, sans évoquer les différences techniques entre les 2 disciplines.

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Arthur Guérin

As-tu des mentors particuliers, des gens qui t’ont beaucoup appris et inspiré ?

Oui, et d’ailleurs, les gens qui m’ont appris ne sont pas forcément des célébrités de l’apnée. Je pense d’abord à Guillaume Lescure, mon coach en apnée indoor qui m’a beaucoup apporté, mais aussi à des apnéistes dans la région niçoise, dont je suis assez proche et qui m’aident à progresser en profondeur. Je pense par exemple à Aurore Asso et Thomas Bouchard, que j’apprécie tous deux particulièrement.


Tu as expliqué dans un TEDx en 2018, que selon toi, l’apnée c’est 90% de mental. Est-ce qu’il t’arrive parfois de ne pas avoir envie de t’entraîner ? Dans ces cas-là, qu’est-ce qui te motive et te fait tenir ?

L’apnée de haut niveau est une discipline particulière car il s’agit d’un sport où l’on dépasse un réflexe de survie primaire très solidairement ancré, la ventilation. Je parle évidemment d'apnée à haut niveau et de performances où l'on va très loin dans l'envie de respirer. Je pense qu’il y a des gens qui sont plus disposés à aller au combat que d’autres, mais qu’il faut à mon sens juste être prêt avec soi-même. On a beau consulter les meilleurs préparateurs mentaux, il y a des jours où l’on va craquer sans même savoir pourquoi, ce qui m’est déjà arrivé, notamment en compétition. Au moment où cela devient dur, il faut sortir ses peintures de guerre, laisser le cerveau de côté et continuer à nager après 150 mètres alors qu’on a déjà envie de respirer depuis le stade des 50 mètres et qu’il faut aller jusqu’à 300.

Il y a même des périodes où cela devient insurmontable et où je n’ai plus envie de m’entraîner. Dans ce cas, je coupe complètement pendant deux à quatre semaines, et j’y reviens après. C’est d’ailleurs très important de faire des pauses car sinon on craque pour de bon et on arrête tout. Je parle évidemment de performances où l’on va très loin dans l’envie de respirer. Là, la dominante prouesse mentale est sans commune mesure avec d’autres sports.


Tu as récemment battu un record du monde sous la glace en Finlande. Et ce qu’il t’arrive d’avoir peur avant une telle performance ?

Oui, bien sûr ! Beaucoup d'apnéistes de haut niveau ont déjà eu peur avant de descendre. En général, quand on a peur, on attend d’être bien quitte à y aller le lendemain, même si dans certains cas, comme durant des compétitions, on n’a pas le choix. Il faut y aller. Pour cette performance sous glace par exemple, j'ai eu peur mais je ne pouvais pas reporter au lendemain car j’avais prévu un record du monde le jour J. C’était une performance que personne n’avait jamais testée, et j’avais en plus assez peu d’expérience en apnée en eau très froide. Je n’ai pu faire que deux essais avant et je me suis rendu compte que c’était excessivement dur. Du coup, le jour J, j’anticipais beaucoup. Il y avait vraiment une grosse part de doute sur la manière dont mon corps allait réagir à cette situation extrême

Arthur Guérin
<br><br>OCEAN LOVER #2 : Arthur Guérin-Boëri
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Comment te projettes-tu dans 5 ans ?

Dans 5 ans, j’aimerais idéalement être un aventurier, conférencier et sujet de documentaires incarnés pour sensibiliser les gens à la préservation des océans. On a une série-documentaire à l’écriture en ce moment. Il s’agit d’un projet dans lequel je partirais aux quatre coins du monde à la découverte des biotopes sous-marins et et les gens qui les côtoient. L’idée c’est qu’à travers la pratique de l’apnée, j’essaye de montrer en quoi le bouleversement climatique modifie ces biotopes sous marins et la vie de ces gens.

Quels sont tes spots de plongée préférés ?

Je vais régulièrement plonger à la pointe de Saint-Jean-Cap-Ferrat, dans la région niçoise. J’aime également beaucoup le solarium à Monaco, où gît l’épave du Toulonnais, et la pointe de La Revellata en Corse, à côté de Calvi.

Une œuvre en lien avec la mer à nous partager ?

J’aime évidemment beaucoup « Le Grand Bleu ». C’est presque trop cliché d’en parler mais c’est un film que j’adore. Je pourrais le voir à n’importe quel âge, même après l’avoir vu 50 fois. Il y a une magie dans ce film et dans cette BO d’Éric Serra qui me ramènent à plein de choses de ma vie… Le Sud, la Corse, ma famille, mes racines, mon éducation… Je m’identifie beaucoup au personnage et à toute l’ambiance du film. J’y retrouve presque le parcours de mon enfance et des choses que j’ai vécues.

Es-tu engagé pour la protection des mers et océans ?

Je suis engagé auprès de Longitude 181 depuis 2 ans, mais en tant que parisien, c’est compliqué pour moi d’avoir une connaissance affinée des océans, des mammifères marins, du biotope… etc.

Avec la série documentaire que j’ai envie d’entreprendre, je souhaiterais vraiment travailler la question en partant à la découverte des océans, afin de me confronter à l’impact de l’Homme dans ces endroits-là et essayer de sensibiliser les gens à cette cause. Mais avant de témoigner, il faut découvrir. Beaucoup de gens se déclarent ambassadeurs de la protection des océans alors qu’ils n’y connaissent rien. Je préfère avoir l’humilité de dire que je ne sais pas grand chose mais j'ai le désir d’aller dans ces endroits, en danger ou non. Découvrir les merveilles de l’océan comme les désastres écologiques, pour ensuite pouvoir en parler de façon légitime.

Es-tu optimiste pour l’avenir de la planète ?

Il y a de plus en plus de gens qui sont sensibles à l’écologie autour de moi, donc j’ai bon espoir qu’on parvienne à sauver notre planète. Je pense que l’être humain est capable de se raisonner. Je me méfie par contre de la marchandisation de l’écologie. Je trouve que certaines choses n’ont aucun sens, comme d’imposer une taxe carbone aux Français, alors qu’en Chine, il y a une centrale à charbon qui est construite toutes les deux semaines ou presque. Il faut mener une politique cohérente à l’international, y compris dans les pays émergents qui sont des pollueurs hors normes. Ce n’est certes pas mon métier, mais il faut être réaliste. nos initiatives ne feront pas le poids si des pays comme l'Inde, la Chine et les Etats-Unis continuent ainsi.

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