OCEAN LOVER #1 : SupaKitch
Ceux qui ont déjà eu l’occasion de passer à notre Pop-Up Store dans le Marais ont pu découvrir les peintures de Guillaume Grando, a.k.a SupaKitch. Célébrant « la forme de la matière » sous toutes ses coutures via la peinture sur mur, la peinture sur toile, la sculpture, l’illustration et plus récemment le tatouage, l’artiste-peintre partage son temps entre son atelier… et la mer. Une source d’inspiration quotidienne pour ce surfeur chevronné, qui explique ainsi être devenu particulièrement sensible à l’environnement et à la protection des océans.
Un talent et une sollicitude qu’Apnée a voulu mettre à l’honneur en lui consacrant un portrait, le premier de notre série dédiée aux « Ocean lovers ».
Peux-tu nous raconter un peu tes débuts ?
Étant un artiste-peintre issu du graffiti, je viens à l’origine d’un milieu plutôt urbain. Puis au fil du temps et de mes différentes expériences, mon travail a évolué vers quelque chose de plus plastique. De la peinture sur mur, je suis passé à la peinture sur toile, notamment après avoir rencontré ma femme, Koralie, également artiste. En parallèle, j’ai commencé à faire de la sculpture, puis de l’illustration et même un peu de tatouage… Si la peinture reste mon moyen d’expression principal, je suis ce qu’on appelle aujourd’hui un artiste pluridisciplinaire.
D’où t’est venue cette fascination pour la « forme des matières » ?
En parallèle du graffiti, j’ai commencé à faire beaucoup de skate. Puis du skate, je suis ensuite passé au surf, ce qui m’a progressivement fait quitter les métropoles pour les plages. Là-bas, je suis non seulement tombé amoureux du surf mais également de l’environnement qui va avec. Aujourd'hui, les formes créées par la Nature sont devenues ma source d’inspiration principale, que ce soit les formes que le vent dessine dans le sable, les strates que le temps creuse dans la roche ou les reflets de l’eau que crée le soleil quand il traverse l’océan…
Le reflet de la lumière à travers l’eau est d’ailleurs ce qui a inspiré le motif du maillot que j’ai dessiné en collaboration avec Apnée.
Est-ce que tu saurais nous décrire la sensation qui t’anime quand tu peins ?
Généralement, quand je voyage ou vais surfer, je me retrouve dans des endroits magnifiques. En les contemplant, je réalise que la Nature est la meilleure des dessinatrices. Je suis fascinée par ses formes et ses matières. Du coup, en arrivant à l’atelier, j’essaye souvent d’interpréter et jouer avec les sentiments que j’ai pu ressentir en l’observant. Mes peintures sont en quelque sorte des paysages qui deviennent abstraits grâce à cette interprétation.
Quels sont les artistes qui t’inspirent ?
Même si je suis davantage inspiré par la Nature que par les gens, je dois reconnaître que je suis particulièrement touché par deux artistes. Le premier, c’est le peintre Pierre Soulages pour son travail sur la lumière. Un sujet auquel je suis très sensible. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai commencé à utiliser des feuilles d’or dans mes peintures : pour recréer la lumière dorée au lever et au coucher du soleil, les meilleures heures de la journée pour faire du surf.
Le second artiste, c’est le peintre américain Mark Rothko. À chaque fois que je me retrouve devant un Rothko, je n’ai qu’une envie depuis tout petit, c’est de plonger dans ces aplats de couleurs comme si c’était une grande piscine.
À quoi ressemble une de tes journées type ?
En ce moment, il y a très peu de routine, mais en général, ça commence par un bon petit-déjeuner, une session de surf s’il y a des vagues et ensuite je vais à l’atelier, où j’aime bien m’enfermer pour peindre. Puis la fin de journée s’achève très souvent avec un apéro et une vie de famille.
Où aimerais-tu être et que voudrais-tu faire dans 5 ans ?
Dans 5 ans, je serai possiblement toujours à Biarritz et pour le reste, si je le savais déjà, je n’attendrais pas toutes ces années pour le faire. Je pense que c’est bien de se laisser quelques surprises. Loin de moi l’envie de tout rapporter au surf, mais c’est une discipline qui inculque une certaine philosophie de vie, notamment celle de savoir faire preuve de patience et attendre que la vie t’amène des vagues pour les prendre, les surfer et aller encore plus loin.
Des comptes Instagram que tu affectionnes particulièrement ?
Celui de ma femme, Koralie, et celui de Pierre Soulages
Quelle place tient l’océan dans ta vie ?
Une place primordiale que je ne saurais même pas quantifier. En fait, je me suis rendu compte que j’ai toujours eu besoin d’aller dans des endroits où il y avait la mer. Je peux passer des heures à la contempler, ou à surfer et nager dedans. L’eau est vraiment mon élément… D’ailleurs, j’adore peindre avec la résine, une matière liquide qui me permet de créer des formes aléatoires. J’aime le fait qu’elle décide de là où elle veut aller, dessinant ainsi des effets semblables aux marbrures de l’océan une fois que l’écume a éclaté.
À quoi ressemble ton sport préféré ?
J’adore le spot d’Ilbarritz car il y a la fois l’océan, du sable, des rochers, des falaises, une colline et même une belle architecture, grâce à son château et ses magnifiques maisons. Un aspect également très important pour moi, sachant que j’ai commencé à travailler dans la rue.
Quelles sont tes plages préférées tous pays confondus ?
La plage de Trestlesen, en Californie, et Bakouach, au Costa Rica. Un endroit magique que j’ai découvert grâce à un ami qui possède une maison là-bas.
Un souvenir dans l’eau que tu n’oublieras jamais ?
À chaque fois que j’ai réussi à tuber – ce qui est suffisamment rare pour que cela imprègne ma mémoire – ou à chaque fois que je vais surfer avec ma fille de 16 ans. J’adore l’aider à prendre une vague et la voir partir debout sur sa planche.
Quel fut le déclic qui t'a donné envie de t'engager pour la protection des océans ?
Il n’y a pas de déclic particulier… J’ai toujours été naturellement soucieux de l’environnement, même si le fait de surfer et passer du temps dans l’eau a forcément dû accentuer les choses.
Concrètement, comment ton engagement se traduit-il ?
Par une série de petits gestes au quotidien, comme ramasser les déchets lorsque je me balade sur la plage ou sensibiliser mes enfants en leur rappelant régulièrement l’importance de l’environnement.
Es-tu optimiste pour l’avenir de la planète ?
Je suis plutôt d’une nature optimiste mais là je dois reconnaître que je ne sais s’il faut l’être… D’après moi, le futur, c’est justement ces marques comme Apnée qui parviennent à créer en recyclant. J’espère que ce processus deviendra rapidement commun à toute l’industrie de la mode. En tout cas, il est urgent que cela le devienne. Malheureusement, cet effort doit également venir des grands groupes pour que cela ait un véritable impact sur le monde. Ils sont si puissants qu’il suffirait presque qu’eux seuls changent de politique pour engendrer une profonde mutation de nos sociétés.
D’après toi, quelles seraient les solutions pour préserver les océans ?
Je lis souvent des articles qui mentionnent des inventions prometteuses, comme des machines capables de nettoyer les océans sans utiliser d’énergie. Pour autant, je ne comprends pas pourquoi les chercheurs qui les mettent au point ne sont pas plus encouragés. C’est dommage car beaucoup de bonnes idées sont évoquées mais finalement, très peu sont concrétisées.
Il faudrait également changer notre façon de consommer afin d’enrayer le problème de la surpêche. En ce moment par exemple, c’est la mode des poké bowl en France, dans lesquels on propose majoritairement du thon et du saumon. C’est joli et coloré mais à terme, les pêcher en trop grosse quantité est en train de créer un vrai déséquilibre dans la chaîne alimentaire. J’ai l’impression qu’il y a encore un grand manque de communication et d’éducation à ce propos. En fait, quand il s’agit d’environnement, les gens ont souvent une image faussée de la réalité.
Un artiste en lien avec la mer à nous faire découvrir ?
J’aime beaucoup le travail de l’artiste Jason deCaires Taylor qui fabrique d’énormes sculptures en béton qu’il va ensuite déposer au fond des océans. Ses œuvres ont une vraie dimension écologique car elles permettent au corail de se régénérer en se développant à leur surface.
Aurais-tu une astuce pratique pour moins polluer la plage ?
Quand je vais surfer, j’ai souvent un sac plastique ou un sac poubelle dans la voiture, comme ça je peux ramasser les déchets que je trouve dans les dunes et la forêt. Ce n’est pas grand chose mais si tout le monde le faisait, ça irait déjà mieux. D’ailleurs, une fois que j’ai jeté les plastiques à la poubelle, je me demande toujours ce que ça devient et si c’est vraiment recyclé. Du coup, maintenant que je sais qu’Apnée utilise une technologie qui recycle les bouteilles en plastique pour en faire des maillots de bain, j’ai l’impression que la boucle est bouclée. Si ça se trouve, le maillot que je porte est même fait à partir d’une bouteille en plastique que j’ai ramassée sur la plage !